Go to content Go to navigation Go to search

COLLECTIF DES FEMMES DE LA CASBAH

MOUDJAHIDATE
Contre le déni, la négation et l’oubli

L’homme s’est soulevé contre l’oppression coloniale. La femme algérienne a mené deux luttes de libération. L’une contre son aliénation et l’autre contre la colonisation.

Elle a engagé la première lutte contre les mâles, il fallait s’émanciper des pratiques archaïques, s’affranchir de son rôle de mineure à vie.

Elle était une mineure condamnée à perpétuité, sans avoir commis le moindre délit aux tâches secondaires et sans avenir autre que celui de gardienne des traditions, au détriment de la raison et à l’encontre de l’évolution.

Elle a lutté contre son propre milieu pour gagner sa liberté par l’action et enfin agir aux côtés de ses frères d’armes contre le système colonial.

Nul n’ignore les faits glorieux réels (ou supposés…)  du père ou du frère. Mais tous ne connaissent pas les faits de la mère ou de la sœur. Certaines cherchent encore aujourd’hui les témoignages de leurs compagnons d’armes pour justifier leur moment de liberté durant la lutte de l’indépendance.

Les agents du système colonial et leurs acolytes, connus aujourd’hui, ont souvent tenté de dresser la femme contre les hommes en les torturant et en les humiliant devant elle, pour en faire une alliée, mais cela fut en vain.

La Moudjahida a su intelligemment  déjouer ces pièges et se dresser contre lui.
Elle a su résister à ce marchandage, hiérarchiser ses valeurs, réorganiser sa vie et fixer ses priorités avec détermination, convaincue qu’elle ne peut être libre dans le cadre d’un système colonial, répressif et discriminant.

Sa première liberté est donc contre la colonisation.

Arrêtée, elle sera comme les hommes torturée, sans la moindre concession. Elle subira les sévices avec courage et abnégation.

A l’instar des hommes, elle endurera une double torture physique et psychologique.
Les sévices endurés ont fait d’elle une victime réelle, une coupable potentielle, mais toujours une Martyre perpétuelle.

Une fois l’indépendance acquise, elle a été exclue de la vie sociale, économique et politique, excepté quelques Icônes qu’on a d’ailleurs maintenues dans une fonction Mythique, tels des spécimens originaux déshumanisés, souffrant en silence dans l’isolement et la solitude.

Or, leur cheminement ouvrait la voie d’un combat exemplaire vers la liberté.
Les vicissitudes de l’histoire et les faux témoignages de << certains >> sans âme et sans scrupule ont transformé la voie de l’autonomie à suivre, en une impasse à éviter.

Afin de se soulever contre ce type de manipulations qui continuent à servir l’ennemi, il faut recueillir les témoignages des combattantes avant et après leur victoire sur l’oppression coloniale et laisser enfin les historiens faire leur travail.
Le temps presse, la mémoire faillit, certaines sont parties dans l’anonymat sans avoir eu l’opportunité de nous narrer leur lutte, de parler de leur passé et de réaffirmer leur engagement.

Pour barrer la route aux falsificateurs de l’histoire dans un but purement mercantile ou de souiller la mémoire des MOUDJAHIDATE, il est du devoir de tous de se mobiliser pour sauvegarder la mémoire de celles qui peuvent encore raconter l’histoire de leur vie et transmettre le sens de leur combat pour la liberté aux générations présentes et futures.

Chères Femmes (Moudjahidate)

Le récit des Moudjahidate a été tu, souvent ignoré.

  • L’histoire n’a retenu qu’une part de leur passé.
  • Leur avenir a été confisqué.
  • Emmurés dans un silence arrangé.
  • Tout cela doit être corrigé.
  • Le temps presse sans déroger.
  • C’est pourquoi nous prenons, aujourd’hui l’engagement de lutter,
  • ainsi, à chaque fois que leur combat est détourné,
  • par des fossoyeurs de l’histoire cinquante ans après
  • Nos devons réagir contre l’érosion de la mémoire.
  • Contre l’oubli,
  • Contre le déni.
  • Contre la négation.
  • Nous invitons toutes les Moudjahidate à rompre le mur de la sérénité infligée.
  • A corriger les pages de la complaisance ordonnée.
  • A reprendre la parole pour raconter leur vie.
  • A laisser trace de leur glorieux passé.
  • Celui des Moudjahidate, hier opprimées.
  • Pour les femmes de demain libérées.

Ouled-El-Houma

Téléchargez le texte en pdf: MOUDJAHIDATE-FEMMES-DE-LA-CASBAH.pdf